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Sentinelle du Matin – L’étonnante destinée du Phare de Moguériec…
Ce « Carnet d’An Kamparzh Koz », c’est un carnet de voyage, qui nous emmène dans les ateliers de Gustave Eiffel à Levallois-Perret en 1876, qui nous propulse dans l’espace et le temps de Dunkerque à Saint-Vaast-la-Hougue, de Trouville à Brest, de la Pointe du Raz à Fromentine, de Paris à Saint-Quay-Portrieux, de Honfleur à Moguériec en passant par Menton… A bord de la bigue de Tancarville, des baliseurs Quinette de Rochemont II et Georges de Joly…
Ce « Carnet d’An Kamparzh Koz », c’est un hommage reconnaissant aux marins-pêcheurs de Moguériec, à ceux d’hier et à ceux d’aujourd’hui, le témoignage de tous les amoureux du Port de Moguériec qui ont soufflé en 2016 les 140 bougies de leur idole, l’ « idole des houles »…
On a retrouvé la grande histoire du petit Phare de Moguériec !
Ce « Carnet d’An Kamparzh Koz », c’est une véritable enquête historique documentée et illustrée qui nous raconte en 170 pages l’incroyable destinée du phare des chapeaux haut de forme, du phare des ombrelles, des artistes, des jeux de sable et de l’insouciance de la belle époque, du phare de la pêche à la langouste, du phare des touristes de tous horizons… De l’huile à l’électricité, de l’eau douce à l’eau salée… Avec un papa nommé Eiffel !
La « Sentinelle du Matin » à télécharger…
177 pages à télécharger gratuitement pour découvrir toute l’histoire du Phare de Moguériec…
Attention néanmoins : si elles sont mises à la disposition de tous gracieusement, ces recherches sont protégées et ne doivent pas faire l’objet de plagias, copies ou d’utilisations commerciales.
La « Sentinelle du Matin » – L’enquête
Gustave Eiffel a élaboré les plans de notre petit fanal et l’a fondu dans ses ateliers de Levallois-Perret…
En 1868, Gustave Eiffel et Louis Sautter déposent un brevet qui donne naissance à une nouvelle race de phare construits grâce à l’interposition de couronnes rigides et de poutrelles métalliques.
Louis Sautter l’a équipé de sa lanterne et commercialisé et tout cela depuis l’Avenue de Suffren à Paris…
En 1852, l’industriel Louis Sautter acquiert l’atelier de l’opticien Soleil où l’illustre Fresnel avait fait construire ses premiers phares lenticulaires. La passion des lanternes n’allait plus le quitter et il allait participer sans le savoir à la grande aventure de la signalisation maritime initiée par Léonce Reynaud, Directeur du Service des Phares depuis 1840, en vendant sur catalogue des phares de fer et de fonte signés Gustave Eiffel et qui constituaient alors un nouveau marché.
A quelques mètres de là, on mettait la dernière main à l’avant bras le plus célèbre du monde, celui de la Statue de la Liberté dont la torche embraserait bientôt l’Atlantique…
En Juin 1876, alors que l’usine de Louis Sautter va expédier le Phare de Moguériec, les Ateliers Monduit réalisent la torche de la Statue de la Liberté qui traversera l’Atlantique pour être exposée à Philadelphie dès l’automne 1876. De New-York à Honfleur, la torche de Bartholdi et la tourelle de Sautter, deux chandelles éprises de liberté…
Il a été monté pour la première fois sur la Colline de Chaillot…
Les phares construits à Levallois-Perret étaient ensuite transportés sur la Colline de Chaillot, Rue Magedebourg, au Service des Phares où ils étaient assemblés et équipés de leurs optiques.
Il a été posé en Août 1876 sur la Jetée de l’Ouest du Port de Honfleur au terme de travaux pharaoniques…
De 1837 à 1876, le Port de Honfleur se métamorphose ! Siège d’un commerce actif tout autant qu’un idéal port de relâche en cas de gros temps, l’avant-port n’est pas suffisamment vaste pour recevoir le grand nombre de navires qui s’y présentent. D’autant que l’entrée du port est régulièrement obstruée par des bancs de sable. Il faut donc « gagner » sur la Seine en créant de nouveaux bassins et d’immenses jetées. C’est sur le prolongement en bois de charpente de la Jetée de l’Ouest du Port d’Honfleur que le Phare de Moguériec sera déposé en Août 1876.
Le tout jeune Erik Satie est venu jouer aux billes à ses pieds…
Erik Satie, fabuleux compositeur et pianiste qui nous enchantera quelques années plus tard de ses « Gymnopédies », « Gnosiennes » et autres « Sarabandes » habite honfleur en 1876 et il a tout juste 10 ans… La Jetée de l’Ouest est un bien bel espace de jeux !
Il a été peint par Georges Seurat, le maître de l’impressionnisme !
Georges Seurat et tant d’autres…Félix Valotton, Albert Marquet , Raoul Dufy , Paul Signac , Abel Bertram , Paul-Elie Gernez , Henri Liénard de Saint-Delis, Robert Lavoine , André Hambourg , Fernand Herbo…
Il a été photographié pour la première fois en 1936…
Il a été barbouillé en noir pendant la seconde guerre mondiale et bombardé en Juin 1940…
Le 14 Juin 1940, les Allemands sont aux portes du Havre. Un obus est tiré sur la ville mais fort heureusement il la survole et va s’écraser sur la Jetée de l’Ouest du Port de Honfleur où il s’encastre sans éclater. Notre petite tourelle a eu fort chaud… Mais elle passera la seconde guerre isolée sur son îlot de bois tel une condamnée sur son bûcher. C’en est fini pour elle de règner sur la jetée promenade, la voici définitivement coupée du continent et peinte aux couleurs de l’Europe alors dévastée, toute en noire !
Il a été démonté en Août 1948 , déplacé au pied du Phare de la Jetée de l’Est…
En 1948, le Port de Honfleur se secoue timidement des amas de vase qui constituent son tribut à la guerre. De nouveaux travaux vont alors modifier le tracé de l’estuaire de la Seine… tout en supprimant la Jetée de l’Ouest et son phare qui prendra alors une dizaine d’années sabbatiques au pied du Phare de la Jetée de l’Est en attendant que les « Moguériekiz » viennent le sortir de ce mauvais pas !
Il a attendu patiemment que les prodigieux aménagements portuaires de Moguériec voient le jour en 1960 pour réapparaître…
A Moguériec dans les années 1950-1960, la pêche à la langouste bat son plein…et le port est devenu inadapté à l’activité du moment. Un projet d’envergure voit le jour dès 1955, les travaux seront achevés en 1960 avec la pose sur le prolongement de la Jetée du Phare de Moguériec en provenance du Havre via Brest ! L’histoire se répète, un port inadapté en chantier, le prolongement d’une jetée…
Il a été en partie financé par la mise en place d’une taxe sur la valeur du poisson débarqué…
Il a fait son entrée dans le Port de Moguériec à bord du baliseur « Georges de Joly » au printemps de 1960…
La guerre, le vieux baliseur savait ce que c’était…
Construit en 1929 à Hambourg en réparation des dommages de guerre…
Lors de la seconde guerre mondiale, alors que les Allemands occupaient Brest depuis bientôt dix jours, le « Georges de Joly » et l’ « André Blondel » avaient quitté le port dans la nuit du 18 au 19 Juin 1940 pour rejoindre Plymouth en Angleterre. Les ordres et la destination étaient restés confidentiels jusqu’au dernier moment et les familles de l’équipage avaient attendu, sans nouvelle, jusqu’à son rapatriement en Août. Réarmé par un équipage anglais, le navire avait ensuite poursuivi ses activités de résistance Outre-Manche pendant toute la durée du conflit mondial.
Le 5 Juin 1944, dans le cadre de l’opération « Overlord », le « Georges de Joly » et l’ « André Blondel » toujours, étaient partis pour la France en compagnie de dragueurs de mines. Pendant les mois qui précédèrent la date fatidique, avec quatre autres baliseurs, ils avaient établi les chenaux d’accès aux plages normandes sur lesquelles les alliés allaient débarquer au petit matin du 6 Juin 1944.
Le « Georges de Joly », il avait tout vu du débarquement ! Dans les mois qui avaient suivi, il était même resté sur place, matérialisant ainsi les positions des nombreuses épaves qui jonchaient la côte Normande avant d’être affecté au Service des Phares et Balises de Brest en Mars 1946.
Il a un petit frère sur la Jetée du Vieux Port de Menton…
Photo : François-Noël Masson
Construit en 1878, le Phare du Vieux Port de Menton est l’un des derniers avant l’Italie comme le Phare de Moguériec est l’un des derniers avant la Grande-Bretagne. L’un vert, l’autre rouge, une belle diagonale à l’extrémité de l’Europe !